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La ville qui apparaît sur le territoire européen n’a plus rien à voir avec la ville telle qu’on l’entendait il y a encore trente ans. Cette ville, fragmentée, sans limites claires apparentes, faite de maisons individuelles et de zones commerciales, est-elle encore une ville ? Ne devrait-on pas plutôt parler d’une Antiville ? Stefano Boeri observe les mutations rapides de l’espace urbain et du paysage. Il constate que les concepts d’analyse en cours chez nombre d’urbanistes et qui fondent encore les politiques publiques d’aménagement peinent à décrire la ville d’aujourd’hui. Il est urgent d’inventer de nouveaux outils pour capter les puissantes énergies qui traversent notre monde contemporain. Il est urgent d’inventer de nouveaux mots pour dire, décrire et analyser les phénomènes à l’œuvre, l’émergence de formes inédites d’occupation et de représentation du territoire, le bouleversement sans précédent du vivre ensemble qui est en jeu. Le terme même de ville est-il encore pertinent ? Les cinq articles réunis ici, tout en s’inscrivant dans une perspective historique, invitent à un déplacement radical de notre regard, de notre vocabulaire et des typologies, pour penser différemment l’espace habité, pour redéfinir les paradigmes architecturaux, urbains et environnementaux. Stefano Boeri engage une réflexion sur cette ville qui se défait au moment même où elle se fait, sur les conditions de surgissement de l’Antiville. Comment combattre l’Antiville ? Comment “faire la ville” à l’époque de l’Antiville ?