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Le destin de Dorothée de Lieven est le brillant miroir de la première moitié du<br />XIXe siècle. Née à Riga en 1785, fille du général von Benckendorff et de la dame d'honneur<br />de l'impératrice, elle épouse à l'âge de 15 ans Christophe de Lieven, futur ambassadeur<br />de Russie à Londres. Comtesse puis princesse, maîtresse de Metternich puis de Guizot,<br />son éducation, son intelligence et son influence lui permettent de parler sur le ton de<br />l'amitié avec le Tsar Alexandre 1er, le roi George IV ou encore Louis-Philippe d'Orléans.<br />De 1810 à 1857, date de sa mort, elle côtoie et discute presque d'égal à égal avec les<br />ministres, les chefs de partis et les ambassadeurs des principaux pays.<br />Admirée autant que redoutée, moins intrigante que puissante, que ce soit à Saint-<br />Pétersbourg, Vienne, Paris, Londres, Dorothée de Lieven est partout chez elle, la finesse<br />de sa conversation et la justesse de sa correspondance lui ouvrant les salons où se décident,<br />à coups de congrès et d'alliances, les affaires politiques du moment. Les acteurs du<br />Congrès de Vienne (1814-1815) devront compter avec ses avis. Si les ombres de la légende<br />napoléonienne, les remous des révolutions récentes et les menaces des nationalismes<br />demeurent en filigrane dans la trame des jours de cette époque unique dans l'histoire pour<br />son raffinement intellectuel et social, ce sont les nouvelles donnes d'une Europe dont<br />nous sommes les héritiers qui émergent des conflits latents et des aspirations profondes<br />des peuples.<br />Jugée tour à tour trop russe, trop autrichienne, trop anglaise, trop française, Dorothée<br />de Lieven n'appartint à aucun clan sinon à cet espace à la fois privilégié et fragile que fut<br />celui du Concert européen dont elle apparaît ici comme la plus parfaite expression<br />féminine.<br />