EAN13
9782843045011
Éditeur
Zulma
Date de publication
4 février 2010
Collection
Littérature française
Nombre de pages
224
Dimensions
19 x 12,5 x 1,5 cm
Poids
225 g

L'Écharde, Roman

Paul Wenz

Zulma

Prix public : 17,80 €

« Ah Sin, jadis coolie à Canton, plus tard batelier et pirate sur la rivière de la Perle, mineur en Australie, puis jardinier, était actuellement cuisinier de John Iredale, le propriétaire de la station de Tilfara. » On est en Nouvelles-Galles du Sud. En plein bush australien. Sur une station, comme on dit, c'est-à-dire un vaste territoire d'environ 400 000 hectares où se pratique l'élevage extensif. Ah Sin s'apprêtant à rejoindre sa terre natale, une gouvernante est envoyée d'Adélaïde. Avec cette nouvelle housekeeper, ambitieuse et jolie, le jeune boss de Tilfara introduit dans sa maison les ingrédients d'un drame qui va s'envenimer et peu à peu empoisonner toute une vie... Les « bons sentiments » chez Wenz n'empêchent pas la bonne littérature. Mais par la grâce de son humour, confronté à la rude immensité du bush, ils concrétiseraient même, au contraire, un regard quasi ethnologique sur une humanité constituée d'aventuriers et d'anciens bagnards. Avec une puissance expressive, un style râpeux, étrillé de métaphores dignes de Jules Renard, les romans de ce tondeur de laine reflètent l'héroïque, tangible et très onirique appropriation d'un paysage hors normes, solaire et infini, contre lequel l'homme solitaire bute à chaque seconde de l'éternité parmi les eucalyptus géants, les tueurs de lapins ou les acrobaties fantasques du kangourou et de l'émeu. « L'écriture de Paul Wenz, écrit André Gide, a la densité d'un double regard posé sur un monde en train de naître, un univers composite où les vieux préjugés amenés d'Europe avec les lapins côtoient les échos mystérieux des légendes aborigènes... » Né à Reims en 1869, Paul Wenz fut le condisciple d'André Gide. Lequel fait ainsi son portrait : « ... il ne songeait déjà qu'à partir... Il a fait quatre fois le tour du monde. Colosse superbe, sous qui tous les fauteuils semblent plier. Son visage puissant exprime une énergie calme et douce ; il est beau tout entier... » Cet « Australien tout neuf », entré en littérature avec les nouvelles d'À l'autre bout du monde (1905), s'établit à partir de 1892 en Australie. Il relatera dans son unique ouvrage écrit en anglais, Diary of a New Chum (1908), son débourrage de colon de base, frais débarqué sous la Croix du Sud. À Sydney, il fera la connaissance de Jack London dont il traduit The love of life. « (...) il est possible que mon français à moi ait trop de clous à ses grosses chaussures », s'excuse notre cow-boy austral dans une lettre à Gide au sujet du Love of life qu'il ne voulait surtout pas traduire « en français joli et bien habillé ». Ce relâchement alerte, rythmé, proche de l'oralité, c'est justement le génie de Wenz, sa proximité avec l'incomparable William Goyen ou le Dylan Thomas du Bois lacté.
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