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Ibn Kammūna vécut à Bagdad au XIII<sup>e</sup> siècle (ca 1215-ca 1285). Issu d’une lignée de lettrés juifs, il reçut une sérieuse éducation littéraire, aussi bien juive qu’islamique. Il fut médecin réputé, philosophe autodidacte, versé dans les mathématiques et la logique.<br />Il est connu des musulmans par ses commentaires sur les <em>Ishārāt</em> d’Avicenne et surtout sur les <em>Talwīhāt</em> de Suhrawardī, le grand philosophe « illuminationiste » iranien du XII<sup>e</sup> siècle.<br />Lorsqu’en 1280 il achève le <em>Tanqīh</em>, l’islam, religion majoritaire, n’est plus, depuis la prise de Bagdad par les Mongols en 1258, religion officielle de l’état. Cette situation exceptionnelle explique la critique franche de l’islam qu’il y exprime.<br />L’ouvrage comprend quatre chapitres traitant successivement de la prophétie en général, du judaïsme, du christianisme et de l’islam.<br />La discussion de chaque religion est dépassionnée. Animé par l’esprit d’équité, Ibn Kammūna donne toujours la parole aux différentes factions religieuses. A l’égard des trois monothéismes, il manifeste une objectivité relative; défendant fermement le judaïsme, la religion devancière décriée par les deux autres, il se montre plus complaisant envers le christianisme et plus rigoureux envers l’islam. C’est qu’il vise à mettre toutes les religions sur un pied d’égalité, dans une perspective fondamentalement humaniste : dégager leur dénominateur commun qui est l’appel adressé aux hommes pour tendre vers la conduite morale la plus élevée.