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« J'ai tenté le parcours sur le fil du rasoir de la probabilité, où chaque phrase permet de ressentir l'abîme qui s'ouvre sous elle et, donc, sa nature précaire, où chaque phrase inclut en elle sa propre négation, son propre échec, et s'efforce, à partir de cet état de fait, de raconter son propre temps. » Cette déclaration de Daniele Del Giudice rend compte, exemplairement, de son oeuvre. Depuis Le stade de Wimbledon (1983) jusqu'à L'oreille absolue (1997), chaque roman, chaque récit aura tenté de définir un art de raconter à l'usage de notre temps, c'est-à-dire une poétique prenant en compte un double héritage anthropologique et historique. Le premier a été présenté par Italo Calvino comme une constante et une spécificité de la littérature italienne depuis Galilée : écrire pour dresser la carte du connaissable ; le second, conséquence de l'histoire du XXe siècle, postule l'impossibilité d'une continuité dans la conception de la fiction comme représentation, telle que l'avait léguée le XIXe siècle, tout en dépassant les conceptions réflexives d'une écriture du "neutre". L'art du récit apparaît donc chez Del Giudice comme un art de la probabilité, un art du passage où la venue de l'autre surgit comme une promesse précaire.