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Les Ducs de Nevers et l'Etat royal ne se réduit pas à une biographie. Ariane Boltanski préfère exhumer le jeu complexe des relations entre ces Grands et l'Etat durant la deuxième moitié du XVIe siècle. Contredisant les postulats de l'historiographie classique, son étude de la maison de Nevers montre que les rapports liant ces feudataires et la monarchie ne se sont pas déployés sur le mode dominant d'un combat fratricide pour le contrôle du pouvoir. Ainsi les Nevers n'ont-ils pas tenté de maintenir leur puissance dans une indépendance précaire en luttant contre la force monarchique ; ils se sont, au contraire, associés au processus même de formation de l'Etat. Pour sa part, le pouvoir n'a pas perçu ces Grands comme de dangereux compétiteurs et, loin de détruire cette maison féodale, il en a assuré la perpétuation, politique, économique et sociale, en l'associant à l'organisation de l'Etat royal. Il s'ensuivit qu'une alliance, fructueuse pour les deux parties, unit alors les Nevers et la monarchie. Elle se fondait sur un ensemble d'accommodements, qui portaient sur le fonctionnement d'un système de pouvoir global, associant la puissance du duc et celle du souverain à travers des échanges généralisés. Ariane Boltanski examine ce système en s'efforçant d'établir quels étaient ses « premiers fondements », puis en évaluant quelle place tenaient les relations de clientèle dans le dispositif. Elle étudie enfin comment il fut éprouvé et évolua, notamment au travers des guerres de Religion.