EAN13
9782357590403
Éditeur
Alfabarre
Date de publication
15 avril 2014
Collection
LES FOURMIS ROU
Nombre de pages
239
Dimensions
21 x 14,5 x 1,8 cm
Poids
333 g
Langue
fre

Cessez-Le-Feu, 19 Mars 1962, Cinquante Ans, Un Regard Témoin Et Littéraire

Nicole Barrière, Den

Alfabarre

Prix public : 25,00 €

Prologue<br><br>Lilyan Kesteloot<br><br>J’étais à Paris le 6 décembre 1961, en partance<br>pour le Caméroun, en "coopération", lorsque<br>j’appris la mort de Frantz Fanon. Un poids lourd<br>sur le coeur, mais aussi, quelque part, l’impression<br>qu’il fallait rendre le relais. "Laissez-moi trouver<br>l’homme où qu’il soit" disait-il aux Antilles, en<br>Algérie, en Afrique subsaharienne, lui l’Antillais.<br>Qui représentait l’Algérie au Ghana de Nkrumah.<br>C’était à Bruxelles que j’avais d’abord senti le<br>vent âpre de cette guerre d’Algérie. Parmes amis du<br>groupe Esprit qui passaient des valises et abritaient<br>des militants clandestins le temps d’une nuit ou<br>d’une semaine.<br><br><br>Puis à Rome où Fanon, pendant huit heure, me<br>raconta sa guerre dans le maquis, son horreur<br>et sa grandeur. Et combien il s’était donné tout<br>entier à cette cause, corps et âme, et quels espoirs<br>fantastiques il avait misé sur ce peuple.<br>Arrivée à Douala, j’appris que le maquis de<br>l’UPC venait de saboter un pylone électrique à<br>haute tension ... pourtant le Cameroun était déjà<br>un pays indépendant depuis quelques mois... mais<br>je compris que la guerre n’était pas finie.<br>On m’informa alors du soutien que l’UPC<br>recevait depuis quatre ans du FLN. Aussi, lorsque<br>le 19mars, les accords d’Evian débouchèrent sur un<br>cessez-le-feu en Algérie, j’accueillis la nouvelle avec<br>alégresse. Je la fêtais avec tous les Camerounais.<br>Cette joie cependant n’était pas sans mélange car<br>en même temps je me répétais : "à trois mois prés...<br>à trois mois prés... "<br><br>À trois mois près, Fanon aurait été vivant, il<br>aurait assisté à la fin du cauchemar, il aurait<br>touché son but, il aurait gagné sa guerre, Algérien<br>dans la souffrance, il aurait été Algérien dans le<br>bonheur ! Mais certes, on pouvait dire cela de tous<br>les Algériens morts dans la lutte ou en représailles,<br>ou sous la torture.<br>Il fallait se dire que Fanon c’était voulu l’un<br>d’eux, c’était battu pour eux et que c’était bien<br>ainsi. Il fallait se dire qu’à présent, pour l’Algérie<br>comme pour le Cameroun aprés la guerre de<br>libération, commençait une autre guerre, celle<br>de l’indépendance. Et que cette guerre-là, allait<br>durer plus longtemps, serait pleine de pièges et<br>de trahisons, allait s’étendre à toute l’Afrique,<br>verrait d’autres drames et d’autres massacres,<br>aurait d’autres héros et d’autres martyrs.<br>Mais en ces jours de mars 1962, on y songeait<br>point. On ne l’imaginait même pas. Nous nagions<br>dans la félicité de la victoire...<br><br>Lilyan Kesteloot<br><br>Universitaire, chercheur et critique littéaraire,<br>elle mène un combat acharné pour la renaissance<br>et la vitalité de la littérature africaine depuis<br>plusieurs décennies, notamment aux côtés de<br>Césaire, Senghor, Cheikh Anta Diop et Hampathé<br>Ba. Chercheur à l’IFAN, elle est aussi une éminente<br>spécialiste de l’épopée et de la littérature orale<br>africaine. Elle dirige la collection Africa is beautiful<br>aux éditions Alfabarre, Paris.<br>
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