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La folle sagesse a l'Orient pour terre d'élection. Des fous divins, des ascètes marginaux, s'y sont côtoyés. Les fous pour le Christ contrefaisaient la folie et gardaient secret leur singulier apostolat. Les stylites, eux, exposaient à ciel ouvert, perchés au sommet de hautes colonnes, leurs corps mortifiés. Autant de vocations et de cheminements spirituels étrangers à l'Occident chrétien qui ne vit dans ces manifestations qu'extravagances, signes ostentatoires d'orgueil ou symptômes de troubles mentaux. L'islam eut aussi ses " ravis de Dieu " qui agissaient à leur guise et en toute impunité. D'autres hommes, en marge du soufisme, s'appliquaient à préserver des regards indiscrets leur état d'adoration, quitte à s'attirer une mauvaise réputation. Les tenants du dogme et de la Loi accusèrent les derviches hétérodoxes de tous les maux, y compris du péché d'hérésie. Parmi les soufis, certains entreprirent de témoigner par écrit de leurs extases. Des derviches d'Anatolie s'y employèrent également. Une place de choix est réservée à l'un d'entre eux, Kaygusuz Abdal, un poète qui offre de la religiosité un visage riant, pratique l'humour et concilie l'immersion extatique en Dieu avec l'humble vie quotidienne. Donner la parole à ces mystiques, rapprocher leurs écrits avec ceux venus d'horizons lointains et différents, évoquer des expériences religieuses qui débordent la connaissance et excèdent les cadres de l'orthodoxie, tel est l'objectif de cet essai. -- The chosen land of "mad wisdom' is the Orient, where divine madmen and eccentric ascetics roamed. Those who became "mad for Christ' feigned folly and kept their unique apostolate a secret. The stylites lived on top of pillars, braving the elements, their bodies mortified. So many vocations and spiritual paths, alien to the Christian West, are expressed in these extravagant manifestations, ostentatious signs of pride or symptoms of mental illness. Islam also had its "madmen for God' who did exactly as they pleased, answering to no one. Others, on the fringe of Sufism, strived to hide their adoration from indiscreet observers, even if it earned them a bad reputation. Those who represented dogma and the Law accused the heterodox dervishes of all kinds of evil, including the sin of heresy. Among the Sufis, some tried to leave a written testimony of their ecstatic experiences – the dervishes of Anatolia did so frequently. One of them is held in special consideration: Kaygusuz Abdal, a poet who gave a happy image of religiosity, practiced humour and conciliated the ecstatic immersion in God with everyday life. This essay aims to make the voices of those mystics heard today, compare testimonies with those from far-off and different worlds and describe that religious experience which overwhelms our knowledge and reaches beyond the limits of orthodoxy.