EAN13
9782080116208
Éditeur
Flammarion
Date de publication
28 septembre 2007
Collection
HISTOIRE DE L'A
Nombre de pages
280
Dimensions
28 x 20,2 x 3 cm
Poids
1654 g
Langue
fre

La Nuit Sexuelle

Pascal Quignard

Flammarion

Prix public : 29,90 €

Quand on sonde le fond de son coeur dans le silence de la nuit on a honte de l'indigence des images que nous nous sommes formées sur la joie. Je n'étais pas là la nuit où j'ai été conçu. Une image manque dans l'âme. On appelle cette image qui manque « l'origine ». Nous cherchons cette image inexistante derrière tout ce qu'on voit. Je cherche à faire un pas de plus vers la source de l'effroi que les hommes ressentent quand ils songent à ce qu'ils furent avant que leur corps projette une ombre dans ce monde. Si derrière la fascination, il y a l'image qui manque, derrière l'image qui manque, il y a encore quelque chose : la nuit. Il y a trois nuits. Avant la naissance ce fut la nuit. C'est la nuit utérine. Une fois nés, au terme de chaque jour, c'est la nuit terrestre. Nous tombons de sommeil au sein d'elle. Comme le trou de la fascination absorbe, l'obscurité astrale engloutit et nous rêvons en elle. Et si c'est par la nuit qui est en nous, interne, que nous nous parlons, c'est dans la nuit externe, quotidienne, qui semble à nos yeux venir du ciel, que nous nous touchons. Enfin, après la mort, l'âme se décompose dans une troisième sorte de nuit. La nuit qui régnait à l'intérieur du corps se décompose à son tour dans un effacement que nous ne pouvons anticiper. Cette nuit n'a plus aucun sens pour s'aborder. C'est la nuit infernale. Ainsi y a-t-il une nuit totalement sensorielle qui précède l'opposition astrale du jour et de la nuit. Nous procédons de cette poche d'ombre. L'humanité transporta cette poche d'ombre avec elle, où elle se reproduisit, où elle rêva, où elle peignit. Elle pénétra irrésistiblement dans les grottes obscures où elle tourna son visage vers des écrans blancs de calcite sur lesquels des images involontaires surgissaient et se mouvaient par la projection de la flamme d'un flambeau. Des millénaires passent. Elles continuent de défiler dans des salles étranges, édifiées dans le sous-sol des villes, où la ténèbre n'est plus divine mais produite artificiellement. Pascal Quignard La presse en parle "Pascal Quignard regarde. Il désire. Il écrit : il met des mots entre lui et les images. Il écrit ce désir qu'il ne peut dire." Michel Schneider, Le Point "Quignard va fonder tout l'érotisme, toute la sexualité, mais aussi, de par les images, tout l'art, et par ces lignes, toute vie humaine, sur le désir nécessaire de recréer l'image de sa création pour nier l'effroi." Nelly Kaprièlian, Les Inrockuptibles "L'admirable livre d'images se réduirait à une collection de curiosités rassemblées par un amateur si, à la séduction des représentations, ne correspondait pas le discours exalté de Pascal Quignard." Patrick Kéchichan, Le Monde "L'érudition de Pascal Quignard est phénoménale. Mais il se dégage de l'ensemble une poésie très forte du désir, du trouble, du clair-obscur, de l'indicible." Bernard Pivot, Le Journal du dimanche "Je n'étais pas là la nuit où j'ai été conçu, écrit Pascal Quignard. Dire l'indicible à partir  d'images qui, elles, représentent l'irreprésentable, formidable gageure que relève Pascal Quignard." Jacques Henri, Artpress
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